lundi 18 juin 2012

Le Temps du Twist - Joel Houssin

parution : 1990
292 pages

Ce livre a reçu le grand prix de l'imaginaire en 1992.

C'est un peu une dystopie par le fait que dans l'avenir, nous vivrons dans un monde lamentable, et un surtout une uchronie puisque le lecteur est projeté dans un passé quelque peu différent de celui que nous connaissons dans une ambiance décalée.

Dans un futur que j'espère extrêmement improbable, les humains s'enivrent pour ne pas devenir des zombies Zapf, pathologie provoquée par l'infestation au rétrovirus Zapf qui transforme les humains en mort-vivant. De fait, les zombies grouillent partout et les nations sont devenues totalement sécuritaire quand elles n'ont pas quasiment disparu sous la pression de la maladie.


du site http://www.2fords.net
Antonin prend deux décisions la veille de ses seize ans : perdre son pucelage puis se suicider, comme son père. Mais c'était sans compter sur sa bande d'amis : le Club des Taudis Humains, le geek 42-Crew, l'androïde aux fonctions détournées One For Four ( OFF), Trafic, Mirabelle la sado-maso intellectuelle, Anita dont le premier rôle est de soulager Antonin de son fardeau, Something More et enfin Orlando le Loup-Garou. Oui vraiment un lycanthrope issu de l'accouplement d'une humaine folle et d'un zombie. Ils sont normalement neutralisés par les autorités mais Orlando a pu survivre car il est issu d'une famille richissime. Le club des Taudis passe son temps à se droguer, à picoler et à claver. 42-Crew détourne les réseaux de surveillance de la Nouvelle Eglise représentée par le surveillant OFF, a fabriqué un hologramme de fête foraine " Le Temps du Twist". Bref toutes les petites joies de ce monde superbe. Pour ses seize ans, Orlando offre à Antonin une Buick Electra 225. Trafiquée par leurs soins, elle les emmène en 1968 juste avant le premier concert des Led Zep à Londres au Marquee. Sauf que, et bien les Led Zep ne sont pas  au rendez vous et un gourou joueur de golf lancent ses hippies d'adeptes à leur trousse.

Nous nous trouvons dans un premier univers très sombre, morbide, glauque  qui a bien failli me décourager mais le voyage dans le temps est un véritable rafraîchissement à la gueule de bois permanente du roman, en quelque sorte, une espèce de "Retour vers le Futur" éthylique et shooté, une ambiance très sex, drug and rock'n'roll et geek. Bon ce n'est pas si trash que ça quand même une fois dans les années 60-70 mais il est palpable quand même que Houssin est un fin observateur de la violence urbaine et de la jeunesse en dérive. Le roman est à lui seul un espèce de mauvais trip d'un adolescent déprimé qui trouverait le réconfort dans la musique et s'inventerait un voyage dans le temps pour retrouver ses idoles.

J'ai aimé :  le voyage dans le temps et ses paradoxes, la quête de Led Zep. Le personnage d' Orlando.

j'ai moins aimé : N'étant pas fan du groupe, je n'ai pas partagé le trip musical d'Orlando. A part ce dernier et 42-crew, les personnages sont assez fades. A la fin, un délire informatique longuet. Des questions restent en suspens.

citations :

Mourir leur importait peu. ils tutoyaient les anges depuis longtemps.

"comment tu te sens ?"
-quoi ?
-Comment tu te sens ? répeta 42.
-Comment je me sens... qu'est ce que c'est que cette question à la con?
-C'est la pleine lune, amigo. Alors je veux savoir si t'as l'intention de sodomiser la moitié de la ville et de bouffer le reste."

Il y a des larmes dans les cristaux liquides de son micro.

C'est un peu moins rock qu'un ministère des finances.






 Ce livre a été lu dans le cadre des lectures mensuelles du Cercle d'Atuan.










mardi 12 juin 2012

L' Adieu aux armes - Ernest Hemingway

Ernest Hemingway est né en 1899 aux U.S.A. Il aurait à peu le même âge que mon arrière grand-père. Il est décédé en 1961 de sa propre main. Une vie à part, une mort à part.
Il s'est engagé dans la Croix Rouge italienne comme ambulancier pendant la première guerre mondiale en 1918. Il était donc loin d'être majeur selon les critères français de l'époque, tout du moins. Grièvement blessé, il sera rapatrié dans un hôpital milanais.

Jusque là le roman est en partie  autobiographique.


Roman de guerre , Roman d'amour ? Difficile de trancher. Il commence comme un roman de guerre puis finit par une histoire d'amour.

 A travers le point de vue du narrateur, Frédéric Henry, la guerre apparaît comme une dame envahissante qu'il est bien nécessaire de supporter.  L'activité des officiers, qui semble consister à occuper les bordels et à s'enivrer, apparaît comme superflue. Rien à voir avec les chroniques de guerre de poilus français donc. Le narrateur lui-même dira :

 " Il était évident que ma présence n'avait pas grande importance. je m'étais imaginé que c'était de moi que dépendait  jusqu'à un certain point la condition des voitures, l'obtention problématique des pièces nécessaires,  le bon fonctionnement du service d'évacuation. (...] Mais évidemment ma présence importait peu.

Et, un peu plus loin :  Tout semblait aller mieux quand je n'étais pas là.

Hemingway a sorti son roman en 1929. depuis 1921 il est chroniqueur à l'étranger pour le "Toronto star". C'est peu être cette qualité de reporter qui le rend si sensible  à la condition des hommes ( et des femmes ). Il est question de la censure des courriers entre miss Barkley l'infirmière et Frédéric.

- N'écrivez rien qui puisse inquiéter la censure.
- Ne vous inquiétez pas. Je ne fais que parler du bel endroit où nous vivons et du courage des italiens".
- De ce train-là, vous serez vite décoré."

mais aussi du matage des rébellions entre le narrateur et ses mécaniciens.

" Est-ce que vous étiez là, Tenente, le jour où ils ont refusé d'attaquer et qu'on en a fusillé un sur dix ? [...]

Il est longtemps difficile de se faire une idée de ce que pense le narrateur de la guerre, comme le montre ce dialogue entre l’aumônier et Henry.


"Qu'avez vous mon père ? Vous avez l'air fatigué.
- Je suis fatigué et je n'ai pas le droit de l'être.
- C'est la chaleur
- Non, c'est simplement le printemps. Je me sens déprimé.
- Vous avez le cafard.
- Non, mais je hais la guerre.
- je ne l'aime pas non plus", dis-je.

Il secoua la tête et regarda par la fenêtre.

" Elle vous touche peu. Vous ne la voyez pas. Pardonnez-moi. je sais bien que vous êtes blessé.
- C'est un accident.
- Et pourtant; même blessé, vous ne la voyez pas. [...]"

Cette blessure est le premier tournant du roman où débute vraiment l'histoire d'amour. Il va en avoir deux autres , de tournants pas d'histoire d'amour, mais vraiment je vais spoiler si j'en parle. Le narrateur rencontre beaucoup de personnes mais à chaque fois les dialogues sont décapants. La plupart mériteraient de devenir une citation. J'ai aussi été touché par la modernité du style et de l'histoire. J'ai du me faire à l'idée que la narration se déroulait pendant la première guerre mondiale, pas la deuxième. J'ai eu du mal à comprendre ce qui motivait Henry à servir comme ambulancier en Italie mais il y a un début d'explication dans son besoin de s'éloigner de sa famille. La litote est souvent employée, le ton est donc assez cynique mais cela ne m'a pas arraché les yeux comme du Malaparte qui en est transpirant. Les descriptions sont à la limite géographiques pas de métaphores, ce n'est pas du roman de campagne, c'est sûr. Même l'amour n'a pas le temps d'être barbante.

Citation :

Quand les individus affrontent le monde avec tant de courage, le monde ne peut les briser qu'en les tuant.





ce livre a été lu dans le cadre du challenge les 12 d' Ys , catégorie Prix Nobel de littérature.

samedi 9 juin 2012

Science-Fiction : un démarrage

Tout à l'heure en surfant je me demandais ce qui m'avait poussé à lire de la SF. Puis de la lecture de l'imaginaire. Pis ce terme est nul, tiens, voilà je le trouve nul. Non mais oh, un lecture est forcément imaginaire même si le texte est inspiré de la réalité. Et même si il collait parfaitement à la réalité, cette dernière est forcément subjective, celle de l'écrivain puis enfin celle du lecteur qui va faire une interprétation. Une interprétation d'interprétation. Toute lecture est donc imaginaire. J'aimerais bien alors que des tas de récits n'ait jamais eu besoin d'exister, surtout les témoignages.

bref je divague complètement ( dit vague - vague ahahaha )  tout ca parce que je me demandais quel était le premier texte de SF que j'avais lu. Dans le vague des souvenirs, j'entre-aperçois un roman de bibliothèque verte dont le titre fait référence à une date qui n'existe pas, seulement les volutes vaporeuses du temps ont laissé peu de trace de l'histoire dans mes circonvolutions grises. Il en ressort des bribes de portes qui mènent vers un monde imaginaire avec une petite fille de deux couleurs. ( Non ce n'est pas Narnia ). J'étais au CM2. 




Ensuite j'ai dû lire d'autres titres mais rien n'en n'est resté, sauf le roman de la momie en sixième, avec l'exemplaire qui trône dans l'étagère derrière mon siège, que nous avait fait étudié ma super prof de français. ( oui je sais ce n'est pas de la SF, et non ensuite je n'ai pas lu Salammbô de Flaubert ).




Puis le bouquin qui a touché mon âme je l'ai découvert au CDI du même collège, Oms en Série  (1957) de Stephan Wul.  


Plusieurs années plus tard, au cours d'une nuit de la SF fiction à l'université de lettre de Reims, j'en avais vu une version cinématographique " La planète sauvage " de René Laloux. ( je vous parle d'un temps où internet n'existait pas MAIS  on devait quand même être en 1992, dont presque, presque...).

je me souviens avoir été marqué par la première de couverture,  le dessin du bébé avec une chaîne autour du coup.



C'est en surfant ce soir que je suis tombé sur exemplaire web de ce petit bijou de la SF. Ce soir,  je dîne avec Terr. Bonne fin de semaine  à tous.


vendredi 8 juin 2012

Décès de Ray Bradbury

Les auteurs ont un grand avantage sur le commun des vivants. Ils perdurent avec leurs œuvres. Ray Bradbury n'échappe pas à la règle puisqu'il nous a quitté  mardi dernier  05/06/2012 dans la soirée au bel âge de 91 ans. Sa nouvelle vie a donc démarré. Son ectoplasme voyagera-t-il jusque Mars ?


mardi 5 juin 2012

L' Affaire Jane Eyre - Jasper Fforde

Domaine étranger 10/18 traduit de l'anglais par Roxane Azimi. 410 pages avec le poème Daffodils de William Wordsworth.
 Mai 2005

J'étais en train de me dire, en écrivant ces premières lignes que je devrais concevoir des pages normalisées, d'une chronique à une autre. Mes posts auraient peut être l'air un peu moins foutoir. Bon. Après je vais aussi y perdre de ma spécificité, nan ?

Va pour le foutoir alors.





Le Cercle d' Atuan a fait cette proposition de lecture pour le mois de mai. Il s'agit en fait d'une saga puisqu'il existe d'autres volumes qui font l'étalage de la vie et des enquêtes de  Thursday Next qui, à ma connaissance se lisent assez bien indépendamment les uns des autres.



L'auteur a su créer un monde délirant dans lequel la littérature joue un rôle d'importance rythmant la vie des gens qui vont en pèlerinage là où ont vécu des auteurs célèbres, avec des cercles d'influences, des polices de la littérature (OpSpec 27 : littératec ) dont fait partie Thursday Next. Le temps aussi est l'objet de manipulation et la Chronogarde se charge de son bon déroulement.Vous l'aurez compris, ce tapuscrit - enfin j'imagine - est absolument délirant avec une enquête policière qui à mon humble avis sert juste de support au déploiement de l'excentricité de l’œuvre. 

L'intrigue se déroule en Angleterre, en guerre avec la Russie et revendique, on ne sait plus pourquoi, la Crimée. le Pays de Galle est totalement indépendant. Les œuvres classiques sont connus par cœur, de fait le bouquin regorge de référence  à la littérature anglaise, Dickens - comme ce Dodo dénommé Pickwick référence " aux aventures de Mr Pickwick" en particulier, Charlotte Bronté, Shakespeare et j'en oublie. Par exemple pour se détendre dans la rue, il est possible de faire lire à des automates des œuvres classiques pour quelques pennies, dans certains théâtres le public est acteur, les discussions tournent invariablement autour de la littérature. Je ne spoile pas, c'est impossible, je suis absolument rébarbative à côté de ce dactylogramme.

Le personnage principal, par lequel nous percevons d'ailleurs le récit, est une caricature de flic solo de roman policier. Rebelle, taciturne, au cœur déchiré, à la langue bien pendue, des supérieurs hiérarchiques qui gèrent des budgets serrés et essaient de mater les sujets indisciplinés en jouant au golf dans leur bureau.

L'intrigue est simple : L'ennemi publique numéro 1, qui fait le mal pour le mal, d'ailleurs il s'appelle Achéron Hadès,  se met à voler des personnages d’œuvres classiques par l'entremise d'une géniale invention développée par Mycroft Next l'oncle de notre héroïne (Geek ne vous tordez pas les doigts). Thursday est la seule policière à pouvoir le reconnaître ( et à lui résister ) puisqu'il a été son professeur de littérature anglaise. En filigrane se déroule aussi une histoire d'amour.


j'ai aimé : l'originalité du bouquin, la sensibilité à la littérature, les inventions délirantes ( les vers correcteurs huhuhu ), les voyages dans le temps et quelques surprises typographiques qui font du livre un acteur à part entière. Le rythme est infernal.

j'ai moins aimé :  L'enquête policière est superficielle. et Thursday est une nana.. ah non un mec... une nana.. non un mec.. une nana...

Aussi un conseil, lisez Jane Eyre avant l' affaire.



citations

Agent dévoué qui a donnée ces années dans l'exercice de ses fonctions le temps n'attend pas.


lundi 4 juin 2012

Le cycle d' Ardalia - Alan Spade


Pour le moment en deux tomes, le cycle comprend "le Souffle d' Aolès" et "Eau Turquoise".

Bien que très attachée à l'objet-livre, un cadeau peu orthodoxe a atterri au milieu de mes paquets. Une liseuse électronique. Dubitative, j'ai tout de même très rapidement maîtrisé l'objet et j'ai récupéré ce roman de littérature de l'imaginaire. Et bien, la liseuse est au livre ce que ce texte est à la littérature de l'imaginaire, du frais, du nouveau, de l'innovation, de l'originalité en fait.

L'action se passe sur une planète imaginaire, avec deux lunes au moins et trois peuples différents tant par la biologie que par les mœurs mais qui vivent dans une paix relative.

Tout d'abord l'auteur nous présente les Hevelens à travers Pelmen dont nous partagerons  les aventures. Ne souhaitant pas suivre un avenir de tanneur tout tracé, il fuira la maison familiale pour rejoindre son oncle, Xuven,  vivant dans une ville-arbre afin de devenir " traqueur" grâce au soutien du menuisier Boisencroix. Hélas, les événements ne se déroulent pas comme prévu et le chemin de notre héros se révélera plein d’embûches et pleine de découvertes, en plus de l'intrigue qui nous fait voyager d'une peuplade à une autre.

J'ai donc  enchaîné directement sur la suite : Eau Turquoise qui est plus dans l'action et dans la magie ( des éléments ) même si il en est question un peu dans le premier volet. Nous allons rencontré cette fois-ci le peuple des Malians avec la fusionnée Elisan-Minela et Lominan puis en savoir un peu plus sur les Krongos, les êtres minéraux. Si Pelmen sait ce qu'il veut devenir, Lominan patauge dans l'incertitude et a un caractère plutôt pénible. J'ai eu envie de la baffer tant elle est entêtée et de mauvais aloi. Mais il s'agissait là plus d'un problème de confiance en soi qui s'arrange... lentement.

j'ai aimé : l'originalité des décors, des caractéristiques biologiques de chacun. Pour comparaison, j'ai un peu pensé au monde forestier de "Avatar". L'écriture est très fluide, l'histoire pleine de rebonds. Les caractères des personnages sont très fouillés. La lutte des classes et la corruption sont omniprésentes tout de même,  surtout dans le deuxième volet.

j'ai moins aimé : je crois que le quatrième de couverture du tome 1 en dit trop et du coup j'aurais apprécié que l'intrigue se lance un peu plus vite. Mais c'est là un avis très subjectif.