dimanche 20 octobre 2013

Le Sablier Vert - Michel Jeury

   Un petit bouquin des plus agréables à lire, ( en haut à gauche sur l'image ), une quête initiatique d'un homme qui vit dans un monde où la technologie disparaît faute d'avoir formé les techniciens et maintenu les connaissances après un accident nucléaire. Ailleurs il n'y a rien, des serpents ou des pilleurs. Mais le pouvoir en place n'en est pas si sûr cependant cette pensée progressiste ne saurait venir de l' Empereur qui serait accusé de républicain.

Alors secrètement il mandate Taël à aller au delà des frontières d'Eristanavec une expédition et  à retrouver le Sablier Vert qui permettrait de changer le monde.
Il est possible de retrouver tous les procédés d'une quête, du dépassement de soi et de la rébellion et d'une manière plus insidieuse des procédés politiques  inavouables. Un bon texte qui convient bien à des ados mais qui ne laisse pas l'adulte insensible.

Le Sablier Vert a été réédité récemment. Pour ma part, je l'ai lu dans la collection " l' âge des étoiles " chez Robert Laffont.
204 pages.1977, couverture de Robert Gigi.


jeudi 22 août 2013

La Maison des Sept Femmes - Leticia Wierzchowski

1835. Dans les états du sud du Brésil, la révolte gronde contre la politique économique de l’empire. Décidés à défendre leurs droits et le produit du travail de leurs terres, les grands propriétaires terriens gauchos entrent en guerre civile contre les impériaux. À leur tête, le général Bento Gonçalvez da Silva. Bien qu’il envisage un conflit court, il prend soin de protéger sa famille en conduisant sa femme, ses sœurs et ses nièces dans l’estancia de la Barra, propriété isolée où elles vont attendre la fin de la guerre. Celle-ci durera dix ans. Dix ans à la poursuite de la liberté pour les esclaves du Rio Grande do Sul et de l’autonomie pour les grandes provinces du Sud.

Pendant ce temps, Manuela, jeune nièce de Bento, raconte l’attente épuisante, les peurs et les espoirs d’un foyer féminin où le temps semble suspendu. Sa vie changera à jamais à l’arrivée de Giuseppe Garibaldi, venu prêter main-forte aux républicains.
Tout à son premier amour, elle ne remarque pas les égarements de sa sœur Rosario, que l’attente fait peu à peu sombrer dans la folie. Comme sa mère et ses tantes, elle vit plus que jamais au rythme de la guerre, sachant pertinemment que leurs vies en seront bouleversées à jamais.

Une fois n'est pas coutume je copie-colle le résumé de la quatrième de couv'. Il est bien écrit n'en dit ni trop ni pas assez, peut être juste ce qui concerne Rosario.

j'ai perçu deux parties dans le roman, un avant Garibaldi et un après. La première partie concerne je dirai plus les  quatre femmes mûres : Dona Antônia, Dona Ana, Dona Maria Manuela et Caetana. La deuxième, elle, met en valeur les filles, Perpetua, Rosario, Manuela et Mariana. Bon ça fait huit vous allez me dire. Dona Antonia est veuve et vit seule dans l' Estancia de Brejo, assez proche de l' Estancia de Barra où les sept autres femmes vont se retrouver. Dans cet univers dichotomique, la guerre d'une part et la fausse quiétude de la maison d'autre part, Garibaldi se présente comme l'événement perturbateur. Et les hommes la-dedans : et bien ils font la guerre. Souffrent et meurent. Tombent amoureux aussi. Font des enfants parfois.

Dans la première partie, l'inquiètude est palpable, l'angoisse de l'arrivée d'un courrier ou d'un estafette annonçant la mort d'un proche constitue la crainte  prégnante dans les deux cents  premières pages. L'auteure a su mettre en valeur cette saisissante inquiètude en nous donnant au compte goutte des nouvelles de la guerre, c'est à dire à travers la maigre correspondance qui informe de l'avancée de la rébellion, l'évolution des combats, la création de la République.

Garibaldi - source wikipédia
A la demande du général Bento Gonçalvez da Silva, Garibaldi, exilé d' Europe, va venir à l' Estancia de Brejo pour y construire les bateaux de la République. Et, comme si les jeunes femmes, qui n'en pouvaient plus de leur vie de recluses, avaient décidé de vivre coûte que coûte, le roman change de rythme à la mesure du mouvement des combats et des blessures de la République.

Bento Gonçalvès da Silva
Du début à la fin, une ambiance poignante règne sur le roman. La sensation que le temps  s'est arrêté avec l'arrivée des femmes à l'Estancia de Barra et que l'attente peut se faire objet, traduire l'ennui des femmes, la tristesse, l'angoisse sans anéantir le lecteur est un très bel exercice, réussi s'il en faut.

L'écriture s'exprime en partie  via un narrateur externe qui décrit les actes et sentiments des différentes protagonistes mais aussi à travers les cahiers de Manuela qui nous apportent des approfondissement sur les réactions des autres femmes en fonction de leur caractère. Une petite touche de fantastique est là pour rappeler qu'il s'agit d'un roman. Le livre reste très historique.

 Dans un premier temps peu de prise de position se font remarquer. Puis peu à peu des explications se font jour afin de faire percevoir au lecteur la complexité du personnage du général Bento  Gonçalvès da Silva et peut être aussi la cause de l'échec de son entreprise.

C'est un beau roman historique que Leticia Wierzchowski nous dévoile, une belle saga familiale avec une certaine froideur - liée peut être  à la dureté des événements - vue du côté des femmes qui m'a permis de découvrir un peu de l'histoire du Brésil et des mœurs de ses habitants. J'ai aussi apprécié les descriptions du climat et des paysages, l'ensemble est bien dosé et j'ai été toute troublée de ces étés de décembre de l'hémisphère sud.

je remercie les éditions Lattès et Livraddict pour cette excellente sélection.










dimanche 11 août 2013

L' Evangile de Jimmy - Didier van Cauwelaert


Jimmy à 32 ans et s'occupe de l'entretien des piscines. Un beau matin, des agents du gouvernement lui annoncent qu'il est le clone du Christ. Comme le personnage ne correspond pas au rôle, il faut le formater. Mais le gouvernement niera toute implication et le Vatican, prudent, va rejeter ce nouveau Sauveur. Que va devenir Jimmy ?

Un roman pour changer, il y avait longtemps. Un roman intéressant rythmé comme une histoire d'espionnage avec intrigues politiques et embrouilles religieuses. Le suspens est assez bien mené, le doute reste complet et utilise le stratagème indémont(r)able : ça marche si l'on y croit d'une part, une tentative d'explication scientifique d'autre part ( une espèce de vitalisme ) pour expliquer les miracles.
L'ensemble reste un roman d'été et son élan me laisse pressentir  un bon filon pour le cinéma.

J'ai particulièrement apprécié la première partie, celle où Jimmy découvre qu'il serait un clone du Christ, qu'il se cherche, qu'il doute, le texte est  plein d'humour avec une ré-interprétation à sa sauce des paroles des Evangiles. Après j'ai plus de mal oui-non, oui-non j'ai été lassée et contente d'arriver au bout.

Je vous rassure le mystère reste complet.


Passage choisi

On doit éviter la peur qui nous fait perdre nos moyens, et garder notre bonne humeur pour remonter le moral autour de nous, car ce ne sont pas les pisse-froid qui nous rendront le sourire.

mardi 25 juin 2013

Les Fleurs de Vénus - Philippe Curval

Un planet-opera qui est surtout une histoire d'amour. l'amour d'une planète végétale ( toute allusion a une rare planète pleine de vie n'est sans doute pas fortuite ), l'amour métissée, l'ensemble
est très romantique.
Bien sur l'étrangeté naît de la planète mais les événements et les personnages pourraient être transposés à n'importe quelle colonisation qui a lieu sur notre planète. Une minorité s'enrichit au détriment d'autres considérés comme des esclaves, certains colons veulent fuir l'enfer, d'autres si adaptent plus ou moins, d'autres encore font la Révolution. ( Les humains vivent sous des dômes pour éviter les poisons nocturnes des fleurs, les autochtones ont été chassés aux confins de la planète ).
Le ton du roman est relativement mélancolique et le travail sur la psychologie des personnages est remarquable, les méchants sont plus complexes les gentils ambigus ( ou l'inverse ) et la maturité atteint chacun des protagonistes avant la fin du roman. la grande transformation se produit simultanément pendant la Révolution en pleine tempête vénusienne, c'est dire.
Le style est celui d'une autre époque : la concordance des temps du passé se fait encore avec l'emploi du subjonctif imparfait, sans être vieillot, le texte révèle une tonalité différente de ce qui se fait actuellement. Et ça fait du bien. Je dirais même que l'auteur emprunte à la littérature classique : une histoire d'amour pendant la Révolution sur fond d'événement tragique avec la totale du drama : enlèvement, empoisonnement sphère du pouvoir versus petits exploitants. c'est assez posé, doux, propré mais tout est là.

Un petit bémol : j'ai commencé à me lasser vers la page 180, je ne dois pas être dans une passe très romantique. Il n'y en a que 251.




La vie n'y était pas dangereuse : les herbes, les fleurs, les animaux semblaient partager un bonheur incomparable en remplissant consciencieusement les rôles attribués aux créatures d'un pays d'utopie : ils paraissaient vivre des moindres variations solaires modulées par les nuages et boire les lourdes pluies qui en tombaient, grasses et bienfaisantes.

dimanche 23 juin 2013

La Suriedad - Estelle Faye

je profite de cette chronique pour signaler que c'est la 100ième de ce blog. Enfin le  100ième message, pas exactement la centième chronique mais je trouvais ça sympa de signaler ce que le compteur google m'indique. on s'en fout ? Ok


Une nouvelle plutôt longue ( oxymore oui je sais ) sur fond marin, une nouvelle qui sent la marée, la moiteur, le mal de mer et la superstition., une histoire de naufragé qui a perdu la mémoire, d'élu qui ne s'est pas découvert, de  bateau passoire, de peuple reclu, de dragon, de dieu déchu et.... d'homosexualité. C'est rondement mené et le texte se lit d'une traite.

Avant l'avènement du Christ, presque tous les peuples du globe avaient leur propre version du dragon. Une sorte de Dieu primordial, une créature fabuleuse et protectrice qui enserrait le monde.

Il s'agit là de la première nouvelle d' Estelle, parue en 2008 en version numérique exclusive chez l' éditeur "les moutons électriques" et je rebondis sur cette transition pour signaler que les moutons seront au Aubenas pour la 40ième convention de SFFF.










samedi 22 juin 2013

L'homme qui dessinait des chats - Michael Marschall Smith

 

Ce soir un petite chronique sur ue nouvelle de M.M. Smith. alors pour ceux qui suivent un peu ce blog ( pourquoi des rires dans la salle ), il n'est pas utile de vous rappeler que j'ai découvert cet auteur dans le cadre sélectif et ô combien huppé du Cercle d'Atuan, (rires dans la salle, encore), je crois même que c'était ma première lecture avec ce club. ici

L'auteur a un style qui lui est propre et j'ai découvert cette nouvelle avec surprise, car j'ai cru que c'était du Stephen king. Non mais vraiment quoi. Même cadre, petite ville paumée du Maine des Etats-Unis, un personnage venu de nul part, des choses étranges qui se produisent, y a t il un clown dans les égoûts, un homme qui dessine sur les trottoirs,une femme maltraitée, un enfant battu, le cadre est posé. et ça se lit très bien

The Man who drew cats, 1988 tiré de l'anthologie More Tomorrow & other Stories


vendredi 21 juin 2013

Fantômes et Farfafouilles - Fredric Brown

Sans transition, je passe des "jeunes" auteurs aux blockbusters de la nouvelle de science fiction, à savoir Fredric Brown.
C'est le deuxième titre de cet auteur dont je vous fais part (1).
Si l'humour et parfois l'ironie règnent toujours en maître et les découvertes se retournent souvent contre leurs inventeurs dans les premiers récits ( en fait dans d'autres, comme la trilogie "des grandes découvertes perdues," ) d'autres sont saisissantes et dramatiques , je pense en particulier aux si synesthésiques cauchemars. Mais indéniablement c'est la psychologie humaine qui est visitée  ( brrr La Maison ) parfois dans un registre SFFF, d'autres policiers, les deux s'entremèlent dans " les vies courtes et heureuses d' Eustache Weaver".
Le thème du voyage dans le temps et de ses paradoxes est largement exploité dans le recueil, les contes sont revisités dans "Barbe Luisante", les martiens ne sont pas épargnés non plus, peut être même une réfèrence à Ray Bradbury dans " contact".  Quelques coquines aussi. Certaines sont dignes d'un scénario de la quatrième dimension comme "les
farfafouilles" ( Les histoires qui mettent en scène des poupées me glacent toujours le sang ).
Un recueil sur des thèmes très variés donc.
Juste un petit bémol, certaines intrigues se basent sur des jeux de mots de la langue anglaise donc en français, malgré les explications du traducteur ou de l'éditeur, le lecteur reste sur sa fin faim.


mercredi 19 juin 2013

Fins du Monde - Vingts Récits pour en finir avec l'Apocalypse - Les Editions des Artistes Fous



Tiens voici ce qui a atterri dans ma boite mail : un petit mot sympa, une url : http://www.edition999.info/Fin-s-du-Monde.html.

http://www.lesartistesfous.com

ca tombe bien comme je l'ai déjà écrit, lorsque je n'ai pas le temps de lire, j'épuise les nouvelles. Elles évitent le phénomène de fractionnement du roman, certaines écritures supportant mal d'être découpées toutes les 10 pages et ma compréhension en est affectée. De plus, rien de plus pénible aussi de traîner un bouquin un mois-deux mois voire plus. La nouvelle évite cet écueil.
Et voilà donc que je me lance dans ce recueil. J'ai été bluffée. Je suis du genre "à parcourir d'un oeil incrédule sur l'écran de ma liseuse dernier cri" comme le spécifie le mot du président ces textes humouristiques, divinatoires, angoissants, surprenants, déphasants, émouvants, lovecrafesques ou kafkaïens, zombiesques,  orbitaux, violents jusqu'à l'absurdité mais jamais ennuyeux, ça s'est sûr.

Alors je ne vais pas les résumer une par une, plusieurs m'ont touché, certaines m'ont dégouté ( beurk beurk beurk ) aucune ne m'a laissée insensible et j'ai toujours passé un très bon moment. Sincèrement un recueil qui vaut le détour et que je conseille au fan du genre nouvelles apocalyptiques.

Emancipation Southeast jones
Bibliophobia Mathieu Fluxe
Ma fin du Monde Vincent Leclercq
Canicule Adam Roy
De Terre et de Sang Herr Mad Doktor
Clic ! Southeast Jones
La Prophétesse François Ali Wisard
Noxos Aurélien Clause
Contrat Southeast jones
Je meurs comme j'ai vécu Vincent Leclercq
Le carnaval de Cobalt Ludovic Klein
L'Apocalypse selon le Prince Jean Vincent T
Souvenirs Vincent T
Youpi, on va tous mourir Marie Latour
Khao-Okh Ana Minski
Crises tentaculaires Herr Mad Doktor
Le club de la fin du monde Maniak
Clic 2 : le Gloublou Ludovic Klein
La fin d'un monde Corvis
... Southest Jones
Le grand Lamento Diane




lundi 17 juin 2013

Nouvelle vie TM - Pierre Bordage

Comme il faut rendre à  César ce qui lui appartient, même si cette expression est historiquement déplacée, car lui ne s'est pas gêné pour se servir, je tiens à signaler que j'ai lu la nouvelle grâce à l'Atalante et emaginaire, dans le cadre de la décade de l'imaginaire,  qui en fournissait une version gratuite et numérique.
Alors j'ai un peu faussé les données : normalement je ne lis de nouvelles que d'auteurs que je ne connais pas, et je crois que c'est là une excellente voie de découverte. Je dois bien avouer qu'un de mes styles préférés parmi la sphère SFFF est l'anticipation, et dans ce taxon j'adore le genre Bordage. Les guerriers du silence, Wang, les fables de l'humpur, porteurs d'âme sont autant de romans dont je ne vous écrirai pas de chronique sur ce blog car je les ai lus bien avant qu'il naisse. Par contre, j'en ai quelques uns dans ma liste à lire, et pas mal dans ma wish list. Vous l'aurez comris, Bordage est un de mes auteurs favoris pour ne pas écrire mon écrivain fétiche.  Et je suis ravi de l'avoir découvert dans l'exercice de la nouvelle. Bien sûr je n'ai pas été déçue. C'est siiiiii Bordage. Cette façon de nous placer dans une autre humanité ultra-libérale où tous les coups sont permis surtout si cela permet de se faire du beurre sur le dos des autres ou de tirer à l'extrême sur les événements marquants de l'actualité et du progrès scientifique avec une délicate touche cynique que je n'ai guère trouvé que chez Malaparte dans un style tout à fait différent mais si mordant pourtant.. Ca ne vous rappelle rien ?

Alors cette nouvelle est sur le thème glissant du breuvetage ( ça se dit ca ? ) de ce qui existe naturellement et en particulièrement du génome humain. Je ne m'étendrais pas plus, c'est une nouvelle c'est court et excellemment angoissant. Du concentré de Bordage.





samedi 15 juin 2013

Celles qui marchent dans l'ombre - Jean-Philippe Jaworsky

Bon ayez, les jeux sont faits, les dés sont jetés. Ca tombe bien car je vais vous parler brièvement d'une nouvelle de Jaworsky qui surfe sur le thème de la mythologie, je ne crois pas en avoir lue jusque maintenant, vraiment étonnante par sa narration son rythme et sa chute. euh non pas la chute, elle est connue si vous avez déjà taté de l'Atride dont la vie est déchirée par le matricide et la folie mais j'ai apprécié de relire des mots qui réveillent les sentiments glaçants et mortifères des auteurs de la Grèce antique mais aussi la chaleur du Mont Parnasse et la fraîcheur du Céphise.





jeudi 6 juin 2013

des news

Bonjour, enfin plutôt bonsoir à mes visiteurs,

Je suis juste débordée en ce moment mais je reviens après le 15 Juin. En fait je lis beaucoup mais rien de bien intéressant à moins de trouver passionnant certains manuels de concours de la fonction publique. Autrement je lis des nouvelles, un ptit coup ça fait toujours du bien.

Merci de votre passage et de votre patience.

La Mante qui tourne les pages.

lundi 6 mai 2013

Lili des boulevards - Charlotte Bousquet

Lili des Boulevards est un conte urbain, un texte qui serre bien le coeur, dans le style de "la petite fille aux allumettes" de Andersen. Si la préface reprend quelques lignes de "la petite sirène" du même auteur, c'est vraiment plus le côté urbain qui m'a touchée. J'ai lu qu'il était aussi catalogué dans les fables sociales mais je n'y vois pas la petite note de moral qui en ressort habituellement

Comme je l'ai lu en numérique, je suis bien incapable de dire combien de page cette nouvelle contient mais elle est très vite lue. Un texte, bien abouti avec ellipses intéressantes au cours duquel Lili, Alice, nous fait voyager de son enfance à sa déchéance.



dimanche 5 mai 2013

L'erreur d' Alexei Alexeiev - Poleischuk

Alors voici un bouquin que je devais lire dans le cadre du challenge de la SFFF venues de l' Est mais que je n'ai pas réussi à caser dans les temps impartis à savoir avant le 15 avril.

Alors contrairement "aux revenants des étoiles" qui est parfois fastidieux à lire à cause d'une cohésion pas tout le temps évidente  à percevoir, et bien que du même traducteur, "l' erreur" est lui un roman très homogène. heureusement, car il s'agit d'un roman de laboratoire qui pourrait vite devenir fort barbant si la compréhension liée au verbe avait été rendue complexe par une traduction fastidieuse. En plus avec seulement 195 pages et un rythme de découvertes soutenu, impossible pour le lecteur de s'ennuyer. ( Ceci écrit cette subjectivité est peut être lié au fait que je suis un ancien rat de laboratoire.)

Il y a tout de même une culture du savant qu'il est mis en lumière chez les Strougatski : les chercheurs se tiennent par la main, s'entraident ce qui est un poil bisounours tout de même. Un peu de tension palpable entre les protagonistes mais pas trop.

L'histoire en trois mots ( ou presque ) : avant de pouvoir publier ses résultats, le laboratoire d'un chercheur ( Alexei Alexeiev )et son équipe se trouve figé dans une matière vitrifiée, comme le moustique de Jurassique Parc dans l'ambre. Un ensemble de chercheur russe se réunit pour découvrir les causes de cet extraordinaire phénomène. Pour seul indice, ce qui semble être un mirage apparaît à heure régulière à trois points géographiques du globe. Où comment l'homme va réussir ce qui est actuellement considéré de l'ordre du miraculeux divin. D'ailleurs la divergence des propos d'un scientifique américain au cours d'une interview et le rationalisme russe est tout simplement croustillante.

Pour en savoir plus.


L'erreur d' Alexei Alexeiev
A Poleichuk
195 pages
le Rayon Fantastique
Hachette
1963
Traducteur Pierre Mazel

lundi 22 avril 2013

Permafrost - Stéphane Beauverger

A travers le Challenge de Lune, j'ai pu choisir une nouvelle chez ActuSF. J'ai donc sélectionné Permafrost de Stéphane Beauverger, auteur dont je souhaitais lire la prose depuis que je l'avais croisé à Semoy. Cette nouvelle est donc tombée à point nommé car je suis en pleine crise qui vaut l'incipit de ce blog.
Là où l'affaire se complique, c'est que j'ai clairement envie de lire d'autres livres de ce personnage maintenant, et maintenant ce n'est pas le moment !

Un petit mot sur la nouvelle, brève, efficace, tribale et rude, parfaite quand la fantasy moyen-ageuse vous sort par les trous de nez, un peu dans le goût de Alan Spade qui publie maintenant sous son patronyme.

Autrement la nouvelle se trouve dans ce recueil.


dimanche 14 avril 2013

Un Gars de l'Enfer - Arcadi et Boris Strougatski

Alors en choisissant les bouquins pour le challenge SFFF venue de l' Est, je ne m'étais pas aperçu que j'avais pris deux titres de mêmes auteurs très connus. J'avais surtout basé ma recherche les élément suivants,
- primo, je ne voulais pas de titre récent mais d'auteurs qui avaient connu la Guerre Froide,
 - deuxio je souhaitais éliminer les titres qui ont été exploités pour des scénarios  de jeux vidéos. Vilaine que je suis, j'ai refilé ceux-là à mon partenaire qui n'était absolument pas ravi donc vous n'aurez pas de résumé pour cause d'abandon.
- Tertio j'aurais voulu éviter les auteurs ( très )  célèbres dans cette catégorie mais alors c'est difficile d'y échapper,
- quatro je ne voulais pas de pavé, pas plus de 250 pages -300 pages.

Donc voilà un deuxième " Strougatski". Par contre, je ne regrette pas du tout mon choix de cochon pendu, car ce titre est vraiment excellent. Il est en plus très très différent du précédent, c'est vraiment incroyable , ces deux titres n'ont pas grand chose en commun. Le scénario met en valeur une mise en réseau des deux histoires mais sur le plan temporel, le récit semble se dérouler dans un futur lointain par rapport aux "Revenants" puisque les routes automouvantes sont HS, quand le lecteur averti sait ce qui les meût, il n'y a rien de bien rassurant et tout plein de petits indices amènent à penser que nous avons affaire là à un post-apo.

Le style même n'est pas comparable : le précédent était très optimiste, avec de nombreux personnages secondaires interéagissant entre eux et beaucoup de dialogue, à l'inverse celui-là est très introspectif et ne fait intervenir que peu de personnages, la paranoïa est omniprésente. Seul le thème du déracinement constitue une trame commune. Je pourrais le résumer ainsi : le paradis des uns est l'enfer des autres. Imaginez un soldat, un tueur d'élite en fait, qui est sauvé par d'autres hommes ayant un mode de vie totalement différent. Au lieu d'apprécier, le soldat, un "chat-guerrier", va faire tout ce qui lui est possible pour retourner à sa guerre même quand il lui est expliqué que son camp a perdu. Il s'agit là  d'un roman psychologique rondement mené avec un suspens bien tendu, je m'attendais au pire mais pas vraiment à cette fin-là qui reste ouverte.




Un Gars de l'Enfer publié chez Denoêl dans la collection Présence du Futur 190 pages.

vendredi 12 avril 2013

Les Revenants des Etoiles - A et B Strugatzki



Matez moi un peu ces belles collections. Certains de ces bouquins n'ont pas encore d' ISBN. Le premier que je vais vous présenter a été édité en 1963 par Hachette Librairie dans la collection " le rayon fantastique" et imprimé, scusez du peu, en Pologne. Incroyable non ?


 Il fleure bon la vieille bibliothèque et semble avoir été taillé au massicot. C'est mon précieux depuis son arrivée.

Une belle journée, une fusée le Taymir atterrit en catastrophe sur Terre. Atterrir le mot est dit, car ça fait bien longtemps que les D-fusées ne se posent plus mais restent en orbite. De cet atterrissage forcé sortent Serge Ivanovitch Kondratiev, bien amoché et qui commencera son séjour dans sa nouvelle vie à l'hôpital, et Gérard Slavin, tous deux partis en 2017, revenus en 2169.

Gérard peu à peu s'intégrait à ses descendants, pendant que Serge Ivanovitch Kondratiev, sur son lit d' hôpital écrirait un bon livre puisque Gérard en serait l'auteur.

Tout le roman repose sur la capacité d'adaptation des deux protagonistes à leur nouvel environnement. Ce n'est pas les nouveautés qui manquent comme les routes auto-mouvantes reliant les continents les uns aux autres, l'exploitation de Vénus, les transferts de l'esprit d'un savant agonisant dans une machine etc...Mais l'auteur ne se contente pas d'énumérer les promesses technologiques et les jours d'une économie meilleurs, il met en valeur à travers des dialogues enjoués toute la dimension humaine aussi bien affective qu'intellectuelle du déracinement. Ils rencontreront de tout : des femmes troublantes, des hommes humiliants - une administration euh comment dire.. administrative ! -  et heureusement des gens sympathiques car ce roman est extrêmement optimiste. De cet optimisme qui laissait espérer que le progrès serait la solution ultime pour atteindre le bonheur pour tous. C'est très symptomatique : les interlocuteurs sont tous des ingénieurs ou issus de professions techniques, ils sont la plupart joviale et confiant en l'avenir même lorsqu'il s'agit de découvrir une nouvelle forme d'intelligence, et enfin, qui mènera à une remise en question ne provenant pas que de nos revenants.

 Mais, Fossile cachexique que vous êtes, c'est tout simplement l'apothéose de la liberté, la libération de l'homme autrefois asservi aux pires besognes, et c'est aussi le triomphe de l'économie rationnelle.

C'est donc un roman court ( 226 pages ) mais extrêmement riche, plein d'humour, d'auto-dérision envers le monde de la recherche derrière parfois des aspects pointus Hard SF qui peuvent dérouter - sans le décourager- le lecteur assaisonné d'une connotation absurde qui m'a fait plus d'une fois penser à l' Ecume de jours de Boris Vian.
Plus, cerise sur la gâteau, une petite surprise  à la fin.

Vous êtes donc tout-puissants !





dimanche 31 mars 2013

Le Continent Déchiqueté - Laurent Genefort

212 pages chez Fleuve Noir, 1997.

Aux premières pages de ce bouquin, j'ai tremblé : ayez du Planet Opera super Hard SF.  Et bien non pas du tout. Un bon livre dans le style avec un bon scénario bien ficelé et des psychologies de personnages bien travaillées. De la technologie d'une part, de l'organique de l'autre, un pont entre les deux. Deux Robinsons que tout sépare, l'un planétaire et dogmatique, l'autre aérien et augmenté vont devoir survivre avec l'aide de créature bionique sapiente sur une planète saccagée. Les genres s'opposent à plusieurs niveaux : des humains primitivistes aux demi-dieux modeleurs de monde que sont les Yuweh, plusieurs facettes de la diversité culturelle des hommes et de leurs capacités d'adaptation sont exploitées par l'auteur mais aussi en filigrane le thème ô combien philosophique de l'existence de la conscience chez des êtres artificiels, sur arrière-plan de complot à la dimension de l'univers.
Et en prime l'écriture est très fluide.



Voilà qui clôt ma participation à livra'deux pour pal'addict, une agréable façon de se tenir à la réduction de sa pal.

dimanche 17 mars 2013

Le Silence du Bourreau - François Bizot

Pour cette chronique je vais vous présenter un texte mi-témoignage mi-essai mais qui ne fait pas de demi-mesure dans l'introspection. L'essai constitue la première partie du livre, et la deuxième retranscrit une partie du procès de Douch, le chef militaire des Khmers Rouges dont les leaders ont fait éradiqué 20 % de la population cambodgienne sous le régime de Polpot. Le Portail, écrit en 2000- relate déjà pour l'essentiel l'enlèvement et l'incarcération de François Bizot  en 1971. Alors pourquoi ce deuxième livre serait-on tenté de demander : Quelques années  après l'écriture du Portail, Douch, le bourreau de Tuol Sleng est retrouvé, incarcéré et jugé.

j'ai repris contact avec Douch dès son arrestation.

Ce nouveau texte présente très précisément la relation de transfert qui s'est produite entre l'auteur et son bourreau et soulève la question fatidique : qu'est ce qui peut faire qu'un homme puisse commettre le pire ? En effet grâce à ce qui semble être une question de rivalité dans une hiérarchie triangulaire, et bien que tout semble le désigner comme un traître à la cause Khmer, Bizot sera libéré et pourra fuir en Thaïlande car  Douch va s'opposer à ce qu'il soit exécuté. Les cambodgiens qui assistaient F. Bizot dans ses travaux ont eux été mis à mort. Néanmoins, comme le découvrira Bizot, en 1988,  lors d'une visite d'un camp d'incarcération à Phnom Penh devenu musée,  Douch participera aux meurtres de plusieurs dizaines de milliers de cambodgiens.

La biographie de Douch ne pourrait plus être que celle "du bourreau de Tuol Sleng " alors qu'il m'avait fait voir à moi autre chose de lui-même.


Je craignais qu'il s'agisse d'un texte difficile à lire du fait de certaines caractéristiques descriptives de ce genre de récit et que je redoutais donc certains contenus épouvantables  - qui sont néanmoins sous-jacents, en ellipse - propres aux récits de guerre civile mais l'auteur épargne son lecteur grandement.  Son propos n'est pas de l'effrayer mais à l'amener à une réflexion sur cette part de l'autre  qui nous meut.

Durant le temps de leur apprentissage et avant d'entrer dans l’age mûr, les garçons formaient la catégorie de  ceux qui n'ont pas encore peur. Comme tels, ils devaient s'exercer par la méditation à vaincre l'ennemi censé gésir au fond d'eux sous la forme d'un démon, dans la perspective de leur maturité et d'une sagesse à atteindre.
 

Il y réussit merveilleusement  à travers un style explicatif littéraire d'une  qualité indéniable et à l'association d'éléments biographiques de son enfance, des analogies pertinentes qui révèlent une sensibilité profonde et une connaissance aiguë de la nature humaine.

Je ressortis foudroyé d'une expérience qui m'avait fait tomber sur l'effroyable secret, celui que ma mère, comme tout le monde, avais pris l'habitude de garder : ce qui distinguait l'homme des autres, c'était son aptitude naturelle à faire fi de ses émotions.

un appendice et une chronologie tombent à point nommé en fin de livre.

je tiens à remercier Livraddict et Folio pour le partage de cette découverte.



janvier 2013, 279 pages


dimanche 3 mars 2013

Le dieu était dans la lune - Hervé Thiellement

En ce moment je lis de la science-fiction délirante, ce n'est pas genre  Hard SF même si il  est question par moment de vitesse supra-luminique  et de trous de ver mais plutôt,ici, une éloge à la victoire de l'organique sur le minéral.

Gont, le personnage principal du début pour la mise bouche, est un commerçant sur lequel je n'ai pu m'empêcher de mettre la tête de Harrison Ford et de me remémorer la scène de la taverne dans un certain astroport avec des créatures de l'étrange de la très célèbre séquence de la Guerre des Etoiles - génuflexion et flagellation -  de la cantina band, enfin donc une très grande diversité d'organismes de formes variées se déballent dans ce roman duquel se dégagent une fraternité palpable ou tentaculable voire plus si affinité. Et si ça ne suffisait pas, il en existe même qui change de forme, une charmante changeling, comme Mala dans Captain Flam ( ouaip mais en mieux plus kaleidoscopé ). De nombreuses curiosités se nichent donc ainsi que des références mêmes pas voilées au détour des phrases.



De quoi est-il question : d'une enquête dans un space-planet opéra dans lequel un esprit organique " Gaude" ( God ? ), cerveau vivant sur une lune ammoniacale va décider d'asseoir sa domination sur des êtres humains en mal de divinité tyrannique et qui va voir d'un très mauvais troisième œil le fait que notre Gont et ses amis puissent se déplacer aussi vite que les anibulles, organismes prophétiques phénoménaux permettant à des vaisseaux spatiaux adoptés par les gigantesques créatures de se déplacer dans l'univers au sein d'une poche ventrale ( des espèces de Navigateurs à la Frank Herbert, mais en vachement plus sympa ).

J'ai beaucoup ri à la description de la psychologie de l'enfant-roi  Gaude qui mériterait une bonne fessée ce qui d'ailleurs lui arrive d'une certaine façon quoique Gont et sa tribu préfèrent lui confisquer son joujou :  elle se contre-fiche de la vie d'autrui, tout en aspirant à la reconnaissance universelle de son ego. ou encore à la description  de la caricaturale religion mortifère, au moins le ton est donné, c'est une théocratie même pas parlementaire avec une hiérarchie aussi fanatisée que puissante. Ils ne comprendront que la contrainte par la force.
Mais j'ai grincé des dents en voyant que mes chouchoutes sont encore des simulacres de méchants, non mais oh, les araignées sont nos amies, peace, ce n'est pas parce que elles ont huit pattes qu'elles sont haineuses et haïssables.



Enfin un roman bon enfant pas qu'un peu estudiantin - une connaissance Nathalie Cidouce ? - par l'ambiance, avec plein de petits gadgets sympathiques et toujours bien vivants.





188 pages chez Rivière Blanche. Roman court, non ? bon aller hop challenge JLNN de Lune




dimanche 24 février 2013

Superman Red Son - Millar, Johnson, Plumkett

Imaginez une seconde que Kal-el atterrisse en Union Soviétique et non pas pas chez les Kent aux USA. Que L'homme d' Acier devienne une allégorie du communisme. Imaginez que cette délicieuse uchronie soit écrite par des auteurs qui voient là un magnifique outil pour critiquer la Guerre Froide à travers un graphisme typiquement Comics. Alors osons, osons, Superman Red Son. Attention Superman, avec son marteau et sa faucille sur la poitrine, veille, version remixée de Big Brother et de petit père du peuple.

un très bon résumé ici mais beaucoup de l'histoire est dévoilée, vous serez prévenus !




mardi 19 février 2013

Une étoile m'a dit - Fredric Brown

Voici un recueil de nouvelles qui se veulent toutes plus ou moins amusantes, cocasses, assurément décalées dans leur style et elles le sont résolument.  Néanmoins j'y trouve  une certaine gravité derrière un ton léger comme les épisodes de la série de la quatrième dimension, c'est assez dans ce ton là.



Quelque chose de vert
Anarchie dans le ciel
Tu n'as point tué
Les Myeups
Un coup à la porte
Cauchemar
Mitkey
Tu seras fou
Les thèmes sont très variés et traitent de la schizophrénie, de la folie des grandeurs, de la  paranoïa, de la solitude extrême, de la page blanche de l'écrivain, de la vision de Dieu, de la destruction de l'humanité, de la Terre même,  tout ça, rien que ça, en faisant sourire. Très fort Brown, il réussirait à nous faire apprécier nos soleils verts.

Etant aussi un écrivain de policier, plusieurs nouvelles sont marquées par le style. Un vrai régal. Dans d'autres il n'hésite pas à interpeller le lecteur ou encore à l'embrouiller, fou, pas fou ? Seule la relation homme-femme apparaît maintenant désuète, les problématiques sont tout à fait actuelles ou transposables à notre époque.

Citations :

L'homme est un parasite propre à la Terre qui tolère sa présence et la tolérera encore pendant un bref laps de temps. Il n'existe nulle part ailleurs dans le cosmos, et son séjour ici-bas ne saurait beaucoup se prolonger.


A cette époque, la concurrence en matière de publicité était si grande qu'on ne trouvait presque plus un seul mur nu, un seul lotissement dépourvu de manteau-réclame dans un rayon de plusieurs miles autour des centres urbains. Par suite, les esprits délicats, afin de garder une vision normale de l'existence, se trouvaient contraints de cultiver une surdité et une cécité partielles qui leur permettaient d'ignorer le gros de cette attaque concertée contre leur sens.