jeudi 10 mars 2011

Et la Nature, alors ? Giono

Je vais vous parler de livres que j'ai abordé plus en amont. En effet, Pique Grogne et Gratte étant en vacances j'ai du mal à faire avancer lectures, sorties nature et blogs.  La Chartreuse de Parme étant en pause - il faut savoir que je m'effondre d'épuisement dès que ma tête touche le lit - si je veux faire vivre un tant soit peu ce blog, il faut que je trouve d'autres sujets de discussion littéraire.
je pourrais vous parler de l'excellent Hulotte sur le Martinet mais ... Non je préfère que vous l'achetiez.
L'amour, la mort et la nature sont les grands thèmes de la littérature. Un des grands écrivains sur ce dernier c'est bien sûr Giono. Alors là je sens que vous allez me dire, quoi mais Giono ce n'est pas le XIX siècle. Euh certes, non, c'est le XXième siècle bien sûr. Il est né en 1895 et nous a quitté en 1970. Il me plaît déjà bien, il a vécu exactement sur la même période qu'un de mes arrière- grand-parents. Accessoirement j'ai découvert le personnage quand ma grand-mère est allée vivre dans les Alpes de Haute-Provence. Digne les Bains et Manosque ne sont pas très éloignées. Cette grand-mère avait un père ( mais si mais si ) qui était garde-forestier en Haute Marne. Alors la Nature et Giono, ça me parle bien. J'ai lu donc récemment trois romans de cet auteur.
Le premier est classé dans la littérature de jeunesse, "L'homme qui plantait des arbres". c'est du Giono sans le mystique je dirais. et les odes à la nature ne débordent pas ce qui rend cette œuvre abordable aux jeunes lecteurs.

En attaquant "Le Chant du Monde", nous arrivons dans l'univers de Giono. Les deux pieds dedans, plouf, dans le fleuve, et nous nous agrippons aux branches pour sortir la tête de l'eau. L'histoire d'un homme de la forêt ( Matelot ) qui a été homme de la mer, d'où le nom, qui veut retrouver son fils disparu en amont, dans la montagne. Antonio l'accompagne.
Le fils, c'est le besson, c'est marrant d'ailleurs ce petit nom, vernaculaire peut être comme, le drôle du Croquant. Derrière les descriptions de la nature, vraiment propres à  Giono, le style se reconnaît à des kilomètres, il y a plusieurs histoires d'amour, d'hommes et de bêtes, d'hommes et de fleuves, de forêts, et bien sûr d'homme et de femmes, ( il faut bien que le besson ait un sérieux motif pour disparaître ), de haine, de fleuve qui s'écoule et de saisons qui se déroulent. La nature est cruelle, les enfants meurent beaucoup de maladie et d'autres turpitudes, les hommes se tirent dessus - il faut bien que le besson se cache pour une bonne raison- se poignardent et se vengent, les bouviers se font mater et les vaches carboniser.
A part ça celui qui me dit qu'il n'y a pas d'action dans ce roman, je me dis qu'il ne l'a pas lu comme il fallait.
Si il est un roman où l'activité fait défaut, c'est "que ma joie demeure.". Bien que le titre prometteur soit inspiré  de Bach, j'ai eu tout le mal du monde à finir le bouquin, alors que je me lasse pas de la Cantate. Tout le livre pour ainsi dire se déroule sur le plateau Grémone, hors du temps et de l'espace mais vu le peu de mécanisation, avant la seconde guerre mondiale et bien sûr dans les montagnes. Un homme vient essayer de rendre l'espoir à des agriculteurs déprimés voire suicidaires. Chiche en dialogue, qui sont souvent sibyllins, le texte présente le personnage de Bobi le mystique acrobate guérisseur de lépreux qui voit une fleur de carotte en Orion. Bobi essaie de faire comprendre aux paysans qu'ils ne doivent pas travailler  plus que nécessaire  à la survie, et pas pour le profit, créer de l'inutile qui apporte de la joie - comme donner du grain aux oiseaux, planter des fleurs mais pas que du blé - ou plutôt, ce qui pourrait paraître inutile mais source de joie n'est pas forcément profit, qu'il faut partager, former une espèce de collectivité dans laquelle la nature - force sauvagerie, douceur, amour ;;; ) est représentée par de cervidés en liberté.

C'est une lecture très douce très calme où il se passe peu de chose mais qui finit pourtant très mal. Il est difficile d'écrire dessus sans démystifier l'œuvre. et pour autant que je m'en rappelle c'est un bouquin dont le thème est en fin de compte très actuel.