mercredi 21 novembre 2012

Extrêmement Fort et Incroyablement Près - Johnatan Safran Foer

Voici mon avant-avant dernière lecture pour le challenge d'Ys. Vous avez deviné : pour le 12/12/12, il va falloir que je lise deux bouquins si je veux être dans les temps. Je réussis si ma bibliothécaire a pu me ramener le titre que je souhaite lire dans la catégorie "biographie". Quant à l'autre catégorie, le pavé, j' ai déjà bien engagé un titre. ( mystère, mystère ). Et je crois que je l'ai bien choisi, suis fière !.

Donc ce soir c'est lecture on ne peut plus américaine par un jeune auteur ( forcément plus que moi ), donc un sauvageon de 35 ans qui a l'audace d'écrire merveilleusement bien pour un américain et surtout qui développent des particularités stylistiques en se servant du livre comme d'un objet à exploiter l'espace et agrémenter de photos contextuelles. L'effet est très réussi, on n'aime ou pas, et tout les cas il permet d'entrer dans l'intimité de l'esprit des gens comme si nous étions des espèces de télépathes qui s'insinueraient  dans la tête des personnages tels des voyeurs de l'esprit.

J'avoue que l'exercice n'est pas précisément simple et qu'il a fallu que je m'accroche. je m'explique : Le récit est celui d'un petit ( parce qu'à 9 ans , on est grand ) garçon très précoce qui a perdu son père dans les événements du 11 septembre 2001 que nous connaissons tous. Oskar cherche la serrure qu'ouvre une clé qu'il a découvert dans un vase que son père a ramené quelques jours avant sa disparition. A cette clé est associée le mot Black, et Oskar va essayer de rencontrer tous les porteurs de ce nom, à New-York City,  pour connaître les derniers moments vécus par son père. La solitude de ce petit gars et le sentiment de perte qu'il nous transmet et extrêmement violent à la limite du supportable du début à la fin. Puis il y a le récit de la grand-mère, la mère du père disparu, et c'est bien ce récit là sur lequel j'ai buté, le passage des lieux "rien" et ceux "quelque chose", vers la page 150, est si particulier  de non-dits,  si saisissant avec toutes ses règles absurdes, comme si il était question de s'excuser de vivre encore,  car un autre drame qui se dévoile au fur et à mesure du texte a frappé cette famille. D'ailleurs c'est après ce passage que j'ai lu Blast, pour faire un break, en quelque sorte je ne changeais pas vraiment de thème.

Le ton est donc sur deux registres, celui de l'enfant et de sa mère dont la relation est entamée par le lourd fardeau de la culpabilité que provoque la perte de l'être aimé, par la colère et l'incompréhension et bien sûr tard tard dans l'histoire l'acceptation et la réconciliation et d'autre part l'histoire de la grand-mère et du grand-père ( muet ! ) qui eux-mêmes ont fait l'expérience des bombardements alliés sur Dresde.

Je ne suis pas exactement sûre que l'auteur ait voulu faire un parallèle absolu entre le pilonnage de l' Allemagne à la fin de la guerre et le terrorisme mais évidemment la violence reste la violence et desfois des morts ou des vivants , il arrive de se demander lesquels sont les plus présents. L'auteur a commis là un travail difficile et d'une rare sensibilité.

quelques mots

je me suis dit, que si tout le monde pouvait voir c que j'ai vu, nous n'aurions plus jamais de guerre.

Il avait des cellules, et maintenant, elles sont sur les toits, et dans le fleuve, et dans les poumons de millions de gens à New-York, qui le respirent à chaque fois qu'ils parlent !





lundi 19 novembre 2012

Challenge de Lune - nouvelles et novelas

Un éclat de Lune qui nous lance des défis, allons bon...
Un défi qui dure un an, du 12/12/12 au 11/12/13. et puis j'aime beaucoup lire des nouvelles, le temps d'un soir. et puis le 12/12/12 je devrais avoir fini le challenge d' Ys. Alors...

Challenge nouvelles et novelas de Lune

Il y a trois catégories, de petits à moyens et gros lecteurs. les nouvelles sont souvent d'excellent supports pour découvrir des auteurs et la SF en regorge, Asimov, Andrevon, Bradbury, Willis, Brown et bien bien d'autres.


samedi 17 novembre 2012

Blast - Larcenet

Cette lecture fait suite à celle du Combat Ordinaire. Les deux histoires n'ont rien à voir sauf qu'elles se déroulent ici et maintenant.

j'ai lu les deux premiers volets, "Grasse Carcasse" et "L'Apocalypse selon Saint Jacky" aux éditions Dargaud. Il en existe un troisième : La tête la première.


L'histoire : Polza, ou Souviens toi des préceptes de Lénine, après des années sans voir son père, le retrouve mourant sur un lit d'hôpital. Fuyant cette momie agonisante, Il se retrouve à boire et à manger des barres chocolatées quand il est victime d'une hallucination, le Blast. Il n'aura de cesse de rechercher cette sensation qu'il pense retrouver en quittant la modernité, comme un ascète en méditation. A la fin de ses pérégrinations, accusé du meurtre d'une femme, il se retrouve à raconter son histoire à deux inspecteurs.

Blast traite d'un thème très humain qui est celui de la reconstruction ( recon-destruction ? ) suite à la perte d'un ( ou des, ici ) proches et de la culpabilité. Enfin à mes yeux ce sont les thèmes principaux de l'histoire même si l'ensemble est enveloppé dans une couche de polar noir, très noir.
D'ailleurs tout le dessin est en noir et blanc, à l'encre de chine je présume.

A travers les propos du clochard qu'est devenu Polza, anciennement un écrivain gastronomique, alcoolique et obèse, fils d'un chauffeur routier Italien, il est possible de retrouver l'esprit du Combat Ordinaire, ce regard sur l'humanité si acerbe, appuyé, réfléchi mais sans malveillance. Car les personnages principaux de Larcenet s'auto-mutilent, souffrent d'angoisses abominables mais l'horreur ultime est distribuée aux  personnages secondaires.

Mon avis : Heureusement qu'il s'agit d'un roman graphique et pas d'un texte. Je crois que ce serait imbouffable de noirceur. La qualité essentielle, outre le scénario consistant, est cette capacité qu'a eu le dessinateur à faire passer de l'émotion à travers le regard, les attitudes de ses personnages dont les traits sans être particulièrement réalistes sont d'une rare expression. De grandes planches sans texte ponctuent le roman, le dessin suffit à lui même. La fin est surprenante car une donnée vient s'introduire en cours d'histoire et je me suis dit " Ouf", tout n'est pas tout noir quand même.

Aussi j'aimerais savoir pourquoi Larcenet dessine de tels pifs à ces personnages. Celui du père est particulièrement troublant, représenté comme un bec de Héron d'après Polza, j'y voyais plutôt la lame de la Faux.

quelques bulles :

Comment ne pas se haïr quand vers huit ans on réalise qu'on partage la condition des ustensiles de cuisine ?

La vérité est plus facile à dire qu'à entendre.

 Et comme il ya une belle référence aux Red Hot, je ne vais pas me priver !

lundi 12 novembre 2012

L'enfant du Jeudi - Sonya Hartnett

L'enfant du Jeudi regarde des Walt Disney. Pardon, pardon je n'ai pas pu m'empêcher cette petite référence, certes tardive, à l'actualité.

Voici dans ma dernière ligne droite du challenge des 12  d'Ys, qui se termine le 12 décembre. ( Peut être le 21 ? faut que je vois avec Ys ) qui nous emmène cette fois-ci visiter la plume des écrivains d Australasie.
C'est un roman catalogué jeunesse en France, ce qui n'est pas étonnant dans le sens où le narrateur rapporte les événements survenus pendant son enfance, comme peut l'être Eugène Leroy et son  Jacquou le Croquant. Et comme d'ailleurs ce roman d' Aquitaine, l' enfant du jeudi ne se laisse pas apprivoiser facilement, il est résistant, rebelle et le ton, bien que pouvant apparaître naïf, n'est pas puéril. Le thème ne si prête pas, la misère dans les campagnes australiennes, pendant l'Entre-Deux Guerre, et tout aussi incisive et gourmande de chair humaine que partout dans le monde même si il semble plus facile de si nourrir de lapins que dans la ville de Dublin des Cendres d'Angela de Frank MacCourt.

Quelques mots de l'histoire : Harper Flute n'a que 7 ans quand son puîné, Tin, est victime d'un étrange accident dont il survit grâce à sa propre endurance alors que leur mère met au monde un nouvel enfant. Suite à cet accident, Tin n'aura de cesse de creuser la terre sillonnant la campagne par les racines.

C'est étrange n'est ce pas ? En fait, les épisodes avec l'enfant sauvage que va devenir Tin sont anecdotiques mais ponctuent les moments forts du roman. A tel point qu'il me vint l'idée que l'action de creuser la terre devait être une allégorie de toutes les expressions du genre "tomber plus bas que Terre", "manger les pissenlits par la racine", " creuser son trou", " courir ventre à terre" ( dans un pays plein de lapins ),  et même vers la fin du "Laboureur et ses enfants" de Jean de la Fontaine, même si le père est un piètre paysan. Parlons-en du père, Court Flute, justement, brisé par la fourberie de son propre père, la première guerre mondiale, l'ignorance du métier d'agriculteur, par une terre  par trop aride, ( le bush australien ), et achevé par la Grande Récession. Néanmoins malgré ce tableau gris foncé se révèle beaucoup de tendresse envers les enfants, de compréhension, de partage mais aussi de fratrie et d'orgueil d'homme, jusqu'au drame.

Le roman est court, 221 pages dans la collection " Les Grandes Personnes". La plume est simple mais le ton dur sans cruauté ou alors celle de l'enfance. J'ai beaucoup apprécié cette façon qu'a eu l'auteur de transformer les perceptions de Harper, notre narratrice, avec la maturité.

Mon avis : A lire si vous avez aimé les Raisins de la Colère , Jacquou le Croquant. A éviter si vous êtes déprimé, à conseiller aux ados qui se plaignent tout le temps ( aux autres aussi d'ailleurs ).

Quelques mots :

Que serait donc ce pays si les hommes n'étaient pas payés pour le labeur ?

La seule chose que je pouvais faire, c'était ce qu'on attendait de moi : avoir huit ans et ne rien savoir.

Je l'ignorais encore à l'époque, mais je commençais à comprendre que le monde n'était pas un lieu unique, mais qu'il était double et que seules les années permettaient de passer de l'un à l'autre.


dimanche 4 novembre 2012

Mahlorne T1 - Le Trait d' union des mondes - Jérome Camut


Comment vous dire ? Un livre dont l'intrigue paraît prometteuse...
Tenez lisez la quatrième de couverture  :

On trouve des traces de Malhorne à toutes les époques. De Malhorne ou de l’une de ses réincarnations. Des ossements, une empreinte de pied marquée à tout jamais dans le permafrost sibérien, une peinture rupestre, un symbole gravé sur un mégalithe, une statue figée en Louisiane et d’autres identiques à divers endroits du globe. Il est là. Depuis toujours. Jamais il n’a manqué un âge. Et pourtant, mis à part les siens, nul n’a jamais su qui il est, ni où il se trouve. Aujourd’hui, la traque a enfin commencé. Des hommes ont trouvé sa piste et la remontent inexorablement. Seulement voilà ! Avec six milliards d’êtres humains, il peut s’agir de n’importe qui. Et c’est peut-être vous, ou l’un de vos proches, mais vous ne le savez pas encore...
...et sincèrement elle l'est. Ajoutons en plus que le démarrage sur les chapeaux de roue n'est pas sans rappeler "Autremonde" de Tad Williams. Alors là je me dis que j'ai trouvé la perle du genre. Et ben non. Dommage.
Dès que la vilaine Fondation Prométhée entre en jeu il faudra attendre une bonne vingtaine de chapitre avant que l'histoire se relance. Le jeu de piste pour trouver Mahlorne sous couvert pseudo-scientifique est clairement aussi fastidieux pour les chercheurs que pour les lecteurs. Et j'ai bien failli lâché au cours de ces passages de dialogues creux menés par des personnages fades où la psychologie est de l'ordre du cliché. Après l'histoire connaît un nouveau regain, surtout quand le narrateur d'abord externe est remplacé par Mahlorne, là le style s'améliore, le conteur est chaud et c'est avec délice que nous nous glissons dans sa peau.

Un bémol, le truc qui me fait grincer des dents, le rôle de la femme dans ce bouquin qui se limite à la procréation et au sexe, heureusement qu'une journaliste se pointe pour savoir que, non, chères soeurs, nous ne sommes pas des utérus à pattes.

Aussi le livre aurait fait un bon roman jeunesse il a le mérite de visiter différents continents et de fait leurs peuplades, moeurs et coutumes, certes de façon ( très ) allégée mais pas inintéressante non plus, d'ailleurs l'anti-héro est ethnologue. Je ne crois pas que les éditeurs jeunesse apprécient les scènes olé-olé donc c'est mort pour la catégorie ( et puis peut être que l'auteur ne souhaitait pas ce positionnement ).

Néanmoins, il ne faut pas tirer sur le pianiste car malgré ces travers qui pourraient laisser un goût amer, j'ai lu le bouquin jusqu'au bout, et pas seulement pour le noter pour le Cercle d' Atuan, c'est que vraiment il a un je ne sais quoi d'intrigant et la fin promet un bon rebondissement sur le tome 2.
Alors en matière de lecture de l'imaginaire , ce livre est très bien pour les personnes qui ne sont pas des adeptes de la féerie



Quelques morceaux choisis

Contente toi de peu, amuse toi de tout.

Je pense que l'univers a crée la conscience humaine dans le seul but de se faire admirer.

Je pourrai débattre jusqu'à la folie de la prépondérance du verbe sur l'image.