L'histoire : le narrateur doit traverser la lande de Lessay pour se rendre à La Haye du Puits. Cette lande est traître, il est facile de s'y perdre ou de se faire agresser. Par hasard il se fait accompagner d'un herbager et fermier, Maître Louis Tainnebouy qui lui conte l'histoire de l'amour impossible d'un prêtre chouan dévisagé, en expiation à Blanchelande, l'abbé de la Croix-Jugan et de la femme, Jeanne-Madelaine de Feuardent d'un autre éleveur, un "bleu", Thomas le Hardouay.
C'est un roman régionaliste qui se déroule dans le Cotentin, juste après les chouanneries, les guerres civiles de l'ouest, les lieux existent vraiment mais l'histoire est une fiction.
Lessay (A) - La Haye du Puis ( B) -Blanchelande (C) |
Abbaye de Blanchelande, à 4 km de La Haye du Puits |
Contrairement à la longueur des phrases, ah, ca par contre, parfois un peu rebutante. Bon avec la liseuse,l'avantage réside dans la disponibilité du dictionnaire, pas d'excuses pour ne pas chercher les mots inconnus dans le dico, en deux clics c'est fait. Ce qui est apparu plus rébarbatif bien sûr est l'accentuation répétitive des positions de l'auteur mais après tout c'est au goût de chacun et je ne serais pas étonné que certains y trouvent
leur intérêt. Après il est irritant de lire que les gens ont telles ou telles vertus car ils sont issus de tel milieu social, et d'entendre parler de race. Enfin bon, une autre époque, au moins j'étais dans le bain et c'était le but de l'auteur, largement atteint.
C'est un roman plein de contradictions mais l'auteur n'en manquait pas. Il était profondément monarchique et catholique alors même qu'il avait une vie dissolue. De ce fait certains de ses titres ( les diaboliques ) ont été censurés, et du premier de grands littéraires comme Zola l'ont dédaigné. Mais surtout ce qui marquera le lecteur, c'est le soucis de la précision dans la façon dont est conté le récit et de rapporter la vie courante des autochtones : l'influence de la religion à un moment délicat de son histoire en France, les superstitions, les petites haines intestines. Les propos du fermier Tainnebouy, emprunt de régionalisme, sont recoupés avec ceux d'un curé et de la Comtesse de Montsurvent, et tout ce qui ne peut s'expliquer relève alors du surnaturel. Car il ne faut pas si tromper : derrière ces airs sérieux, ce roman est du style fantastique.
citations :
C'était une femme dans la fleur mûrie de la jeunesse, active, courageuse, et de ce sens droit, perçant et supérieur, qu'on rencontre dans une grande quantité de femmes de Normandie, la terre classique de cette forte race de ménagères qui entendent si bien le gouvernement du logis.
Cet accident, fort commun en plaine, quand on n'a rien sous les yeux, dans le vide, ni arbre, ni buisson, ni butte, pour s'orienter et se diriger, les paysans l'expriment par un mot superstitieux et pittoresque. Ils disent du voyageur ainsi dévoyé qu'il a marché sur male herbe, et par là ils entendent quelque charme méchant et caché, dont l'idée les contente par le vague même de son mystère.
[...]Le gouvernement de tous par tous - ce qui est impossible et
absurde - mais le gouvernement de tous par quelques-uns ce qui est
possible, moral et intelligent.
Me voilà ravie que ce roman t'ait réconciliée avec la littérature classique.
RépondreSupprimerJe suis réconciliée depuis quelques temps maintenant.J'avais fait un post là-dessus tout à l'ouverture de ce blog.
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